Haggarth – Saveur barbare

C’est un personnage d’un autre temps, dans tous les sens du terme. Un pied dans un passé mythique, l’autre dans un futur prodigieux. Lorsque Haggarth paraît dans les pages d’(À Suivre), au tout début de l’histoire du journal, l’heroic fantasy n’a pas amorcé son virage grand public. Ni Schwarzenegger en Conan de cinéma, ni les runes de Donjons & Dragons n’ont fait leur apparition – ce sera pour un peu plus tard. Les lecteurs de Robert Howard ou de l’Elric de Michael Moorcock, tout comme les admirateurs de Frank Frazetta, peuvent encore faire figure d’initiés. Est-ce la clé de la surprenante puissance d’attraction d’Haggarth le guerrier, héros paradoxal aussi violent que tourmenté ? Surgi d’on ne sait quel au-delà de la mémoire humaine, dans le fracas des épées et l’ombre portée de la nécromancie, Haggarth tranche par sa saveur brute, fascine par son énergie sauvage. À contrepied de presque tous les autres personnages de bande dessinée environnants, et pourtant curieusement à l’unisson d’une forme de récit épique, complexe et ambitieuse promue par le magazine où paraissent ses aventures. Passeur inattendu entre les classiques et les modernes d’alors, il ne restera en scène que le temps de deux récits, interprétés dans un somptueux noir et blanc d’une vigueur exceptionnelle. Respect.    

Première apparition : (À Suivre) 4, mai 1978.

(AS) 4 - Haggarth

Nicolas Finet

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