J’ai rencontré René Pétillon vers la fin des années 80, à l’époque où j’officiais, entre autres, pour feu le mensuel BàT, beau magazine professionnel qui faisait référence pour toutes les spécialités de la communication visuelle et où je couvrais notamment l’actualité de l’illustration, du graphisme, du design et de la bande dessinée. Nous n’avons jamais été intimes, mais, en revanche, nous avions immédiatement partagé une sympathie mutuelle et j’avais été impressionné, dès notre première rencontre, par l’extrême vivacité de son intelligence – qui me parlait d’autant plus qu’elle se donnait à voir tout en modestie, en élégance, à l’opposé exact de l’exécrable suffisance des prétentieux (ceux qui me comprennent savent de quoi je parle).
On ne s’est pas revus si souvent au fil des années, mais, à chaque fois, je retrouvais à son contact le plaisir de côtoyer cet esprit exceptionnellement vif, doublé d’une sincère admiration pour son talent d’auteur de bande dessinée. Comme l’a justement souligné Jean-Marc Rochette lors de la disparition de René Pétillon, Le Baron noir est le seul strip made in France qui puisse en remontrer à n’importe lequel de ses homologues américains, toutes périodes et toutes catégories confondues. Ce n’est pas rien.
Les dernières fois que j’ai croisé René, ce devait être au détour des délibérations de jury d’un festival du sud-ouest, et c’était toujours un plaisir de retrouver la chaleur de son sourire avec cette petite étincelle, la même exactement, tout au fond de la prunelle. Cette étincelle qui nous manque, maintenant. Merci d’avoir été cet homme et cet auteur-là.