Oyez donc, vous tous, la très savoureuse et très édifiante histoire d’un coquin nommé Renart, et ce qu’il advint de ses démêlés d’avec le loup Ysengrin son oncle flanqué d’Hersendre sa tante – qui n’était pas la dernière à tortiller du croupion, la ribaude… Cornecul, que voilà une série de fabliaux tournés bien comme il faut, et revigorants pour les sens, avec ça ! Revisitée dans une langue impeccablement truculente par Jean-Claude Forest, et servie par le dessin généreux d’un Max Cabanes au mieux de sa forme, la légende de Renart – classique d’entre les classiques de l’imaginaire français – ne paraîtra hélas guère plus qu’un semestre dans les pages d’(À Suivre), au fil des premiers mois d’existence de la revue. Péché de grivoiserie, peut-être… En subsiste une bien belle trace, pourtant. Celle d’un filou irrésistible et lettré, entré par effraction dans la citadelle des bonnes mœurs, juste pour mieux s’en gausser. Bref, le rouquin nous emballe, héros programmatique d’une bande dessinée enfin adulte et assumée comme telle – et tant pis pour la morale des fâcheux.
Première appariton : (À Suivre) 1, février 1978