Canardo – Nouvelles recettes de canard au sang

Soit la basse-cour comme métaphore du monde, le clope, la bouteille et la gabardine comme viatiques, la conversation de pochetrons comme remède (très temporaire) à la dépression et une bonne descente pour tuer le temps, puisqu’il est écrit qu’ici-bas tout doit finir par disparaître… On le voit, Canardo s’est installé dans nos imagiers avec une hérédité plutôt appuyée : mâtinée d’une solide dose de nihilisme et trempée quelque part dans les arrière-cours du roman noir, tendance hard boiled. Là où les séductrices sont belles et fatales, les héros admirables et morts. Peu de créations animalières – convention assez communément pratiquée du genre qui nous occupe – avaient avant lui filé aussi radicalement la métaphore anthropomorphe. Et avec tout ça, il faudrait qu’on s’en amuse ? On peut au moins essayer, à l’instar de Benoît Sokal lui-même, tant il est vrai que l’humour reste bien la politesse du désespoir. Rions donc (ou grimaçons, à tout le moins) au vu des méprises, mésalliances et mésaventures de notre canard fumant, manière de suffoquer un peu moins fort en attendant à notre tour de trépasser à la casserole. Vous reprendrez bien un peu de magret ?

• Première apparition : (À Suivre) 3, avril 1978

(AS) 35

Nicolas Finet

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