Eugen Robick – La Grandeur de l’Urbatecte

Bien que François Schuiten et Benoît Peeters, ses pères, aient écarté d’emblée l’hypothèse d’une œuvre animée par un héros unique, Eugen Robick reste probablement, de tous les personnages des Cités Obscures, celui dont les lecteurs d’(À Suivre) conserveront le plus durablement l’empreinte. Statut singulier, qui tient sans doute à l’épaisseur psychologique qui caractérise l’Urbatecte d’Urbicande – cette richesse de caractère que le magazine, précisément, revendiquait dès sa fondation comme le cœur même de son ancrage romanesque. Complexe, original, sophistiqué, presque ambivalent parfois, Robick tranche effectivement avec le tout-venant de ses « confrères » en bande dessinée. Héros fragile visité par le doute, il campe une figure presque inédite dans le paysage d’alors, aux antipodes du cliché de l’homme d’action : l’intellectuel créateur, hanté par sa vision. Par-delà ses apparences initales de démiurge tout puissant, il s’avèrera finalement simple humain aux facultés limitées, dépassé par la démesure des forces que ses rêves ont mises en branle. Un artiste, exactement.

• Première apparition : (À Suivre) 68, septembre 1983

(AS) 68

Nicolas Finet

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