Mes dix livres de 2016 (plus un)

L’inflation d’albums publiés chaque année laisse trop peu de temps aux auteurs et à leurs livres pour trouver leur public. D’où l’urgence de renouer, parfois, avec le temps long. Et d’où cette rubrique en forme de coup d’œil rétrospectif, à rebours du bruit média ambiant, pour revenir avec un peu de recul sur mes meilleures lectures de 2016.

 

Sur les ailes du monde, Audubon, de Fabien Grolleau et Jérémie Royer (Dargaud, 184 pages, 21€)

Une merveille de biopic historique, consacré au plus célèbre des naturalistes français d’Amérique. On ne s’explique toujours pas que le livre n’ait été récompensé d’aucun prix majeur.

La Loterie, de Miles Hyman d’après Shirley Jackson (Casterman, 160 pages, 23€)

Le grand Miles Hyman dans une adaptation impeccable de la nouvelle dérangeante de sa grand-mère Shirley Jackson, phénomène littéraire de l’année 1948 devenu depuis un classique des lettres américaines.

C’est un oiseau…, de Steven T. Seagle et Teddy Kristiansen (Urban Graphic, 136 pages, 15€)

À quoi sert de dessiner les aventures du super héros le plus célèbre du monde quand on voit son propre univers menacé par la déréliction et l’entropie ? Une méditation subtile sur la puissance et le pouvoir des mythes, interprétée dans un graphisme d’une rigoureuse exigence.

Le Tribut, de Rochette et Legrand (Cornélius, 160 pages, 29,50€)

Dans les dernières années de l’histoire d’(À Suivre), il y a vingt ans, Rochette et Legrand ont conçu cette histoire de SF extraordinaire et novatrice, sans avoir l’opportunité de l’achever. Deux décennies plus tard, une intégrale inédite paraît enfin, assortie d’un épilogue également inédit.

Salto – L’histoire du marchand de bonbons qui disparut sous la pluie, de Judith Vanistendael et Mark Bellido (Le Lombard, 368 pages, 22,50€)

Dans l’intimité de l’un des « anges gardiens » basques anti-ETA, devenu garde du corps presque par hasard. Une histoire authentique et un grand livre, magistralement mis en images par Judith Vanistendael.

Juliette – Les Fantômes reviennent au printemps, de Camille Jourdy (Actes Sud BD, 220 pages, 26€)

Une jeune femme en crise revient temporairement vivre dans sa famille d’origine… Parents, enfants, petits enfants, conjoints, amants, copains : toutes les familles sont psychotiques, comme l’avait déjà remarqué l’écrivain Douglas Coupland en titre de l’un de ses romans, mais quand Camille Jourdy et sa finesse de touche sont à la manœuvre, c’est un délice.

Sunny, de Taiyou Matsumoto (Kana, environ 210 pages chaque volume, 12,70€)

La chronique au quotidien d’un orphelinat japonais, au plus près d’un groupe d’enfants à l’imaginaire en liberté. Deux tomes de cette série, le 5 et le 6, ont paru en 2016. Taiyo Matsumoto irrésistible et touchant, dans ce qui est sans doute sa série la plus personnelle.

Le vœu maudit, de Kazuo Umezu (Le Lézard Noir, 216 pages, 15€)

Sept histoires d’horreur parues entre 1975 et 1992, par le pape japonais du genre – par ailleurs auteur entre 1972 et 1974 de l’indépassable L’École emportée.

L’Univers, d’Hubert Reeves et Daniel Casanave (Le Lombard, La Petite bédéthèque des savoirs, 72 pages, 10€)

On ne dit pas assez à quel point Daniel Casanave est un grand dessinateur. Il met ici son talent au service d’un autre maître, Hubert Reeves, pour nous rendre intelligible L’Univers, rien que ça, dans l’une des livraisons inaugurales de l’excellente « Petite bédéthèque des savoirs ».

Astrid Bromure – Comment atomiser les fantômes, de Fabrice Parme (Rue de Sèvres, 32 pages, 10,50€)

Après un premier tour de piste enthousiasmant l’année précédente, la seconde aventure d’un espiègle et attachant personnage de petite fille riche, dans une interprétation graphique si stimulante (Hanna-Barbera forever !) qu’on en redemande, forcément.

> Et dans le rôle du 11e album de ce top 10, Les trois fantômes de Tesla T.1 – Le Mystère Chtokavien de Guilhem et Marazano (Le Lombard, 46 pages, 13,99€) pour sa couverture magistrale : la plus réussie de toute l’année 2016.

Nicolas Finet

Laisser un commentaire