Solitaire, fière et belle, Violette savoure la vie comme elle vient dans son refuge sylvestre, au cœur de la forêt ardennaise. À portée de main, ce que lui offre la nature : quelques baies, du gibier, et puis encore de ce vin qui sait si bien apaiser la soif comme les grandes peines. Sans oublier les hommes, bien sûr, que Violette accueille dans sa couche le cœur léger, sans jamais rien leur promettre… Une femme accomplie, oui – mais c’est encore si rare à l’orée du XXe siècle, dans un monde rural férocement crispé sur ses convenances, ses superstitions, son ignorance. Bouc émissaire de toutes les haines et toutes les frustrations, obstinément rebelle à la morale publique, Violette la « fille du diable » paiera au prix fort son indépendance farouchement cultivée. Sans jamais renoncer à son authentique trésor – la liberté, le luxe suprême de ceux qui ne possèdent rien. Révélé par (À Suivre), le frémissant portrait d’une femme moderne bien avant l’heure, sur fond de chronique d’une ruralité disparue. Sauvageonne magnifique, Violette est de ces personnages qu’on n’oublie plus après les avoir croisés : une palpitante force de la nature animée d’un vrai supplément d’âme.
• Première apparition : (À Suivre) 15, avril 1979